Elle montre le désir de Renouvin, qui combat alors en tant que sergent, de « connaître des secteurs plus ardents ». Bientôt amené à s’illustrer sur le champ de bataille, il sera blessé, fait prisonnier, et s’échappera, avant de passer en zone sud et d’intégrer dès la fin de l’année 1940 le réseau de résistance « Liberté ».
Les archives de Pierre Bécat conservent une pièce unique : les épreuves corrigées, visiblement à deux mains, d’un poème co-écrit par Pierre Bécat et Jeanne Rabeau-Capin (1874-1977), alias Jehanne. Cette dernière, issue d’une vieille famille de propriétaires terriens de Passa (domiciliés au domaine de Saint-Luc) s’est fait connaître durant le XXe siècle pour ses poèmes régionalistes. Elle participa aux Jeux Floraux et y fut primée. Sa fille, Jacqueline Talut-Rabreau (1906-1998) fut même demoiselle d’honneur de la reine des Jeux Floraux (voir le site : https://www.institutdugrenat.com/2013/12/catalanes-en-costume-roussillonnais-cliche-jauzac/).
La mère et la fille étaient très amies avec la famille Bécat, qu’elles fréquentaient assidûment. Elles se rendaient également, presque tous les ans, à la Pentecôte au domaine de Palmes, propriété en indivision des familles Rotgé/Bécat-Bauby-Jaubert.
On a vu par ailleurs les échanges entre Pierre Bécat et Carlos de Lazerme (1932). Bien avant, son beau-frère Marcel Azaïs était en correspondance avec Lazerme. Ce dernier s’était en effet abonné à la revue que dirigeait Azaïs (et dont il était le seul rédacteur!) Les Essais critiques.
Plusieurs lettres de M. Azaïs à Lazerme sont conservées dans le « Fonds Lazerme » des Archives départementales des Pyrénées-Orientales.
Dans la première lettre, il lui suggère de recruter de nouveaux abonnés. Par la suite, au cours de l’année 1920, les deux hommes semblent être devenus amis, puisque Lazerme va le voir à Paris. Il lui envoie même ses livres, qu’Azaïs s’empresse de lire et pour lesquels il déclare son intérêt. Il en parle dans sa revue. Cette correspondance se fait souvent sur papier à lettres de cette dernière.
Cette lettre est un témoignage des efforts de P. Bécat et de sa famille pour attirer des sympathies vers le royalisme. Albert Vidal, habitant de Prades comme les Bécat (et visiblement producteur de griottes, dont il envoie un panier à la famille), vient d’adhérer au Courrier Royal et a convaincu une autre habitante, Mme Cazenavette, voisine de la famille, d’en faire de même. « Je tâcherai d’intéresser quelque vieille dévote au placement d’autres abonnements » (!) La suite de la lettre revient sur des questions plus personnelles.
Bernard de Levezou de Vesins, dit le comte de Vezins, est né le 13 mars 1869 à Bourges, dans une ancienne famille aristocratique de l’Aveyron. Il fut l’un des représentants du catholicisme de l’Action française, et l’un des fervents défenseurs de Maurras après la condamnation du mouvement royaliste par le Vatican en 1926. Penseur du corporatisme, il s’intéressa également aux questions économiques dans la perspective ouverte notamment par René de La Tour du Pin. Il démissionna de l’Action Française en 1930. Il mourut le 6 juillet 1951 à Maisoncelles-du-Maine (Mayenne).
M. Sautes était un personnage de Perpignan lié à l’Action française. Dans cette lettre envoyée à Pierre Bécat, il est question de politique et des relations avec l’évêque. L’Action française avait été condamnée par le pape l’année précédente. Quelques mois avant avait eu lieu à Perpignan une grande réunion de l’Action française.
Les archives Bécat conservent une lettre sans date, envoyée de Céret, qui est signée d’un certain « Charles Roussillon ». Il s’agit du pseudonyme de l’auteur Jules Badin (1898-1938). Ce dernier, qui a notamment écrit un livre intitulé « Le Village sans cloches », sa lamente sur le succès insuffisant des auteurs de province. Il fait également référence à un article de Pierre Bécat contenant des « impressions » sur le département, paru dans le journal royaliste Le Roussillon.
Joseph Ripouill, issu d’une famille de la Salanque, territoire très catholique et royaliste du département des Pyrénées-Orientales, était l’un des référents locaux de l’Action française. Sa famille possédait à Perpignan le magasin « Au Baby » (magasin de vêtements pour bébés) 8 rue de la poste. Joseph s’occupait de la Fédération des Sections catalanes à Perpignan. Les archives Bécat conservent plusieurs lettres de Ripouill montrant des échanges intenses. On a plusieurs lettres en 1929 que nous ne reproduisons pas ici car elles concernent exclusivement des questions de propriétés agricoles. En 1930, on a une lettre mentionnant des désaccords politiques au sujet de la crise viticole. Par la suite, de nombreuses dissensions ont lieu dans la section locale de l’AF (notamment avec H. Jonquères), au cours desquelles Ripouill perd son titre de secrétaire. Il se rend à Paris en 1932 pour défendre ses intérêts auprès de Ch. Maurras.
11 juin 1930
(sans date, vers 1931?)
8 mars 1932
18 mars 1932
Brouillon de Pierre Bécat à propos de J. Ripouill et et Charles de Lacroix (sans date, vers 1931)
Henry Muchart (1873-1954) est le fils de Benjamin Muchart, négociant à Arles-sur-Tech, et d’Antoinette Claret. Par ses deux grands-mères, il descend de deux vieilles familles du Vallespir : les Guardia et les Noëll. Avocat au barreau de Perpignan, il est de convictons royalistes, mais profondément légitimiste. C’est cependant surtout pour son activité de poète que Muchart est resté connu en Roussillon : il publie notamment, en 1913, Les fleurs de l’arbre de science chez Grasset, et en 1927 Le miel sauvage dans la Revue des poètes. L’un et l’autre sont distingués par le Prix de l’Académie française.
En 1928, comme on le voit dans cette lettre, Pierre Bécat dédicace La légende du peuple-roi à Henry Muchart, qui lui répond en faisant référence à leur différence d’opinions sur la question de l’héritier du trône. Cependant, la lettre fait aussi référence à une « hideuse affaire de lettres anonymes », impliquent Me Galinier, sur laquelle nous n’avons pas de détails mais qui est certainement à rapprocher du contexte difficile que traverse dans ces années-là l’Action française, et particulièrement en Roussillon.
La lettre de 1930, quant à elle, fait état d’un nouveau cadeau de livre, Sapho, sans que nous sachions exactement de quelle Sapho il s’agit (celle de Léon Daudet?).