Maurice Garçon (1889-1967) est un célèbre avocat parisien originaire de Lille. Inscrit au barreau de Paris en 1911, il entretint, comme Pierre Bécat, de nombreux liens avec les milieux ésotériques de la capitale. Dans les années 1930, il est déjà l’un des ténors du barreau, connu pour avoir défendu Louise Landy, accusée du meurtre de son mari Paul Grappe, ancien déserteur travesti en femme pendant dix ans, ou encore le romancier Georges Simenon.
Le 10 juillet 1933, au cours d’une plaidoirie dans un procès qui l’oppose à Pierre Bécat, Maurice Garçon prononce des paroles que ce dernier juge offensantes. Il lui envoie ses témoins, les avocats Alphonse Joffre et Pierre Xardel. Maurice Garçon choisit les siens : Georges Claretie et Jacques Mourier. Cependant, un arrangement intervient sous l’arbitrage du bâtonnier et le duel n’a pas lieu. Maurice Garçon renonce alors spontanément à défendre son client.
Nous publions ici plusieurs documents tirés des archives de Pierre Bécat relatifs à cet incident : une coupure de presse, le procès-verbal et une lettre de Pierre Xardel, auteur du procès-verbal.
Nous reproduisons ici la notice nécrologique rédigée par Pierre Bécat après la mort tragique d’Azaïs et publiée dans le dernier numéro des Essais critiques. Après la mort de Marcel Azaïs, Emmanuel Beau de Loménie (1896-1974) reprit un temps les Nouveaux Essais critiques.
Le 24 janvier 1934, Pierre Bécat écrit à son maître Charles Maurras une lettre dont on conserve un brouillon dans les archives familiales. Il lui signale tout d’abord qu’il vient d’être convoqué à Bruxelles par le comte de Paris, où il s’apprête à se rendre. Il évoque ensuite des dissensions qu’il rencontre avec d’autres membres de l’Action française, notamment Georges Calzant (1896-1962), à qui il reproche d’avoir éventé une provocation en duel tenue secrète. Au-delà de cette affaire d’apparence personnelle, on voit que Pierre Bécat commence à s’éloigner de l’Action française. Les événements de l’année 1934 ne feront que confirmer cette tendance : déçu par l’échec du renversement de la République en février et par les atermoiements de Maurras, après plusieurs années de collaboration, il cessera définitivement ses relations avec la ligue et ses relations avec les princes sera couronnée par sa désignation comme conférencier officiel.
Les centres d’intérêt de Pierre Bécat, loin de se limiter à l’histoire et à la littérature, étaient très variés. Comme beaucoup d’avocats et d’hommes politiques de sa génération, il était passionné par les sciences occultes et les sociétés secrètes. Il entretint notamment des relations suivies avec plusieurs voyantes très en vue, ainsi qu’avec des cercles anthroposophes, théosophes, ésotériques…
Nous présentons ici deux lettres inédites tirées de la correspondance reçue par Pierre Bécat.
Lettre de Madame Fraya à Pierre Bécat (vers 1930)
Valentine Dencausse, dite Madame Fraya (Villeneuve-de-Marsan, 21 mai 1871-Paris, 16 février 1954) est une célèbre voyante française. Protégée du célèbre occultiste Papus, elle se rendit fameuse pour avoir prédit le déclenchement de la Première guerre mondiale ainsi que plusieurs batailles où les Français furent victorieux. En 1914, elle prédit au prince Youssoupov qu’il allait assassiner Raspoutine. Elle a lu dans les mains de toutes les célébrités de la Belle époque : Sarah Bernhardt, Colette, Pierre Loti, Anna de Noailles, Sacha Guitry, Maurice Barrès, Jean Jaurès, Georges Clemenceau. Elle prédit une réussite éclatante à Marcel Proust. Elle tomba cependant en disgrâce après n’avoir pas su annoncer la Seconde guerre mondiale.
Lettre de Gabrielle de Jarny à Pierre Bécat (8 juillet 1940)
Jeune personne dont on ignore la date de naissance et de décès, Gabrielle de Jarny était introduite, dans les années 1930, dans les milieux occultistes français. Dans cette lettre, elle évoque la création du groupe « Les Amis dans la Cité », cercle théosophe créé par Albert Legrand (1887-1950), et qui comptait parmi ses membres les occultistes Sédir et Émile Catzeflis. Elle invite Pierre Bécat à y participer malgré le contexte peu propice de la défaite de la France.
Après guerre, Gabrielle de Jarny publia de nombreux ouvrages : Le Christianisme vu par les côtés cachés à l’histoire (1951), Initiation au mysticisme chrétien, résumé des connaissances préparatoires au mysticisme chrétien (1958), En esprit et en vérité (1959), Nourritures spirituelles (1961)…
Conservée dans le fonds d’archives Bécat, cette lettre du 4 mai 1940 a été envoyée par Jacques Renouvin à Gabrielle Bécat, alors que Pierre était mobilisé sous les drapeaux.
Pierre Bécat laissa à sa famille un important fonds d’archives personnelles qui resta longtemps non classé et non exploité. En 2006, lors de la vente de la maison familiale de Prades, ce fonds fut sauvé et entreposé. Depuis plusieurs années, il a fait l’objet d’un long travail de tri et vient récemment d’être sommairement inventorié. La famille Bécat nourrit le projet d’en faire la donation à un dépôt d’archives publiques où il servirait à alimenter la recherche en histoire contemporaine.
Nous vous tiendrons informé ici de l’avancée du projet, et publierons l’inventaire complet dès que possible !
Ce fonds émane de l’activité de Pierre Bécat, même si on y trouve plus marginalement quelques titres de propriété de ses ancêtres. Il contient principalement des correspondances. À l’exception notable d’un bel ensemble de lettres échangées par Pierre Bécat et son épouse Gabrielle Rotgé au tout début de leur mariage, et qui peuvent aussi aborder des sujets politiques, les correspondances personnelles et politiques sont composées en quasi-totalité de lettres reçues. Les correspondances les plus riches datent des années 1920-1930 et illustrent très précisément l’activité de conférencier et de journaliste royaliste de Pierre Bécat. Malheureusement, aucune lettre de ce type n’a été conservée entre 1938 et les années 1950, même si la correspondance du couple déborde un peu sur la fin de la Seconde guerre mondiale.
Aperçu de la correspondance de Pierre Bécat
Le
second type de documents le plus représenté dans le fonds sont les coupures de
presse. Pierre Bécat sélectionnait compulsivement, jour après jour, des
articles relatifs aux thèmes qui l’intéressaient et qui lui servaient à rédiger
ses articles ou ses ouvrages. Sa principale habitude était de les découper et
de les coller dans des cahiers ou dans des livres qu’il réutilisait pour
l’occasion. Malheureusement, la plupart des articles ne sont pas référencés. Il
a semblé néanmoins intéressant de conserver l’ensemble des coupures de presse subsistant,
car la très grande majorité fut éliminée du vivant de P. Bécat. Certaines sont
classées par thèmes.
Enfin, un nombre important de manuscrits de textes politiques (articles, conférences) et littéraires (romans, inédits pour la plupart à l’exception du manuscrit d’Enfance et jeunesse occitane publié en 1979) sont conservés, même si l’auteur avait l’habitude d’en éliminer la plupart de son vivant.
Aperçu des brouillons de textes politiques
Le fonds comporte actuellement 20 cartons [auxquels il serait possible d’ajouter deux cartons d’actes anciens de la famille Bécat, datant du XIXe siècle]. Au cours du classement, il a été divisé en 4 parties :
I. Papiers personnels
– Papiers de Louis Bécat
– Papiers d’identité et militaires
de Pierre Bécat
– Scolarité
– Photographies
– Correspondance familiale
II. Activité politique
– Correspondance politique
(1924-1938 et 1960-1990)
– Écrits (brouillons et
textes)
– Coupures de presse
III. Carrière d’avocat
– Barreau : généralités
– Dossiers d’affaires
IV. Activité littéraire
– Correspondance :
dossiers d’éditeurs, réactions aux publications
Plusieurs documents inédits apportent d’intéressants témoignages sur la carrière, la vie personnelle et militante de Pierre Bécat. Au milieu de ses archives, nous avons retrouvé sa carte de l’Ordre des Avocat à la Cour d’Appel de Paris, sa carte de membre de la Ligue d’Action française, son fascicule de mobilisation en 1917 et son ordre d’appel sous les drapeaux en 1940.
Carte d’avocat (Ordre des Avocats à la Cour d’Appel de Paris)
Nous présentons ici plusieurs portraits photographiques de Pierre Bécat à différents moments de sa vie, récemment découverts dans les archives familiales.
Pierre Bécat pendant ses études de droit (vers 1914)
Pierre Bécat en robe d’avocat (vers 1930)Pierre Bécat en uniforme (1940)