Lettre d’Antoine Barrère, 20 février 1930

Antoine Barrère (1873-1958), issu d’une vieille famille de propriétaires terriens de Bages, est le fils aîné de Jean Barrère et d’Antoinette Chichet. Il possède le domaine de l’Etang à Villeneuve-de-la-Raho (aujourd’hui remplacé par le lac de cette commune). Lié à l’Action française, il évoque dans cette lettre à Pierre Bécat l’actualité en Espagne, les articles de Maurras, le comte de Vesins et le retour de Léon Daudet.

Les archives de Pierre Bécat ont rejoint les Archives départementales de l’Hérault

Le jeudi 1er juillet 2021, les archives personnelles de Pierre Bécat ont été données par son fils André Bécat (à gauche sur la photographie) aux Archives départementales de l’Hérault, installées sur le site de « Pierres Vives » près de Montpellier. Elles ont été prises en charge par M. Julien Duvaux (à droite sur la photographie), archiviste au sein de ce service chargé des fonds privés, venu spécialement à Prades pour l’occasion. Ce jour-là, André Bécat a signé la convention de don.

Pierre Bécat laissa à sa famille un important fonds d’archives personnelles qui resta longtemps non classé et non exploité. En 2006, lors de la vente de la maison familiale de Prades, ce fonds fut sauvé et entreposé. Depuis plusieurs années, il a fait l’objet d’un long travail de tri et a bénéficié d’un inventaire sommaire. Désormais conservé aux Archives départementales de l’Hérault, il a été conditionné et mis à la disposition du public dans les meilleures conditions de consultation possibles.

Depuis le 28 juillet 2022, le fonds Pierre Bécat est disponible à la consultation aux Archives départementales de l’Hérault.

Consultez l’inventaire du fonds en cliquant ici.

Ce fonds émane de l’activité de Pierre Bécat, même si on y trouve plus marginalement quelques titres de propriété de ses ancêtres. Il contient principalement des correspondances. À l’exception notable d’un bel ensemble de lettres échangées par Pierre Bécat et son épouse Gabrielle Rotgé au tout début de leur mariage, et qui peuvent aussi aborder des sujets politiques, les correspondances personnelles et politiques sont composées en quasi-totalité de lettres reçues. Les correspondances les plus riches datent des années 1920-1930 et illustrent très précisément l’activité de conférencier et de journaliste royaliste de Pierre Bécat. Malheureusement, aucune lettre de ce type n’a été conservée entre 1938 et les années 1950, même si la correspondance du couple déborde un peu sur la fin de la Seconde guerre mondiale.

Aperçu de la correspondance de Pierre Bécat

Le second type de documents le plus représenté dans le fonds sont les coupures de presse. Pierre Bécat sélectionnait compulsivement, jour après jour, des articles relatifs aux thèmes qui l’intéressaient et qui lui servaient à rédiger ses articles ou ses ouvrages. Sa principale habitude était de les découper et de les coller dans des cahiers ou dans des livres qu’il réutilisait pour l’occasion. Malheureusement, la plupart des articles ne sont pas référencés. Il a semblé néanmoins intéressant de conserver l’ensemble des coupures de presse subsistant, car la très grande majorité fut éliminée du vivant de P. Bécat. Certaines sont classées par thèmes.

Enfin, un nombre important de manuscrits de textes politiques (articles, conférences) et littéraires (romans, inédits pour la plupart à l’exception du manuscrit d’Enfance et jeunesse occitane publié en 1979) sont conservés, même si l’auteur avait l’habitude d’en éliminer la plupart de son vivant.

Aperçu des brouillons de textes politiques

Le fonds comporte actuellement 23 cartons. Au cours du classement, il a été divisé en 4 parties :

I. Papiers personnels et familiaux

– Papiers de Louis Bécat

– Papiers d’identité et militaires de Pierre Bécat

– Scolarité

– Photographies

– Correspondance familiale

II. Activité politique

– Correspondance politique (1924-1938 et 1960-1990)

– Écrits (brouillons et textes)

– Coupures de presse

III. Carrière d’avocat

– Barreau : généralités

– Dossiers d’affaires

IV. Activité littéraire

– Correspondance : dossiers d’éditeurs, réactions aux publications

– Poèmes

– Romans (manuscrits et fragments)

Carte de membre du cercle sportif Saint-Henri, rue de la Bûcherie

En 1929-1930, comme l’atteste cette carte de membre conservée dans les archives de l’avocat, Pierre Bécat adhérait au Cercle sportif Saint-Henri, dont la salle d’entrainement se trouvait aux numéros 13 et 15 de la rue de la Bûcherie à Paris, dans les bâtiments de l’ancien hôtel Colbert. Il y pratiquait l’escrime, comme on le voit également sur cette carte, où l’assistance pour plusieurs mois a été attestée par la signature du maître d’armes Charles Cléry. Le fils de ce dernier, Raoul Cléry, a publié en 1965 le livre « Escrime », aux éditions Amphora.

Pratiquant cet art avec talent, Pierre Bécat se battit en duel à plusieurs reprises ! Avec les personnes qu’il appréciait, il lui arrivait aussi de disputer des matchs amicaux, dont l’on conserve notamment une photographie, prise à la salle de la rue de la Bûcherie.

Romantisme et révolution

Germaniste distingué autant que latiniste, passionné par le romantisme allemand, Pierre Bécat ne se limitait pas aux études politiques, mais publiait également des essais littéraires. Comme on le verra dans sa biographie écrite par Robert Lapassat, il a notamment laissé, dans la revue Conflent des articles consacrés à Germaine de Staël et Benjamin Constant ou à l’essor du romantisme allemand, entre autres.

Nous vous proposons ici de découvrir un manuscrit de sa plume intitulé « Romantisme et révolution », daté des années 1930, dans lequel il examine de façon approfondie les liens complexes entre littérature et politique.

Napoléon et le destin de l’Europe

A l’occasion du bicentenaire de la mort de Napoléon Ier, nous vous proposons de redécouvrir cet ouvrage de Pierre Bécat paru en 1969. Il est le résultat d’une longue réflexion, arrivée à maturation, sur la signification réelle de l’épopée napoléonienne à la fois dans l’histoire globale de l’Europe – y compris la plus contemporaine – et plus simplement encore dans la pensée conservatrice.

Reprenant la pensée et les témoignages de très nombreux auteurs que P. Bécat a fréquentés au plus près (Las Cases, mémoires du général Gourgaud, et aussi des sources anglaises), il en tire ses propres conclusions et se livre à une interprétation politique tout à fait personnelle. Les admirateurs de l’empereur seront sans doute choqués par la dureté de son jugement : pour ce monarchiste convaincu, ce fut une France dévastée et honnie par le monde que Louis XVIII trouva à son couronnement, pays qui ne dut son salut qu’à cette restauration monarchique. L’empereur, par sa mégalomanie et son bellicisme, préfigurait, lit-on, un cycle de guerres ignobles et injustes qui devait culminer avec la Seconde guerre mondiale.

Ne nous y trompons pas : sous le faux-semblant des ors des palais et de la gloire des champs de bataille, Bonaparte ne serait jamais qu’un usurpateur, et son titre d’empereur, une insulte pour les véritables monarques qui firent la France.

On trouvera ici les trois dernières pages de cet ouvrage, qui résument l’essentiel de cette pensée.

1935 – Lettre de Jean Amade à Pierre Bécat

Jean Amade (Joan Amade en catalan) fut l’un des principaux représentants de la Renaixança, renaissance littéraire catalane, au début du XXe siècle en Roussillon. Originaire de Céret, poète, il fut longtemps professeur à l’Université de Montpellier, d’où il écrivit cette missive. Il fonda la Société d’Études catalanes et concourut en 1926 à créer à Perpignan les Jeux floraux du Genêt d’Or, émanation du félibrige, qui furent pendant longtemps l’un des fleurons de la province.

Jean Amade et Pierre Bécat, en plus de liens étroits avec le Roussillon, partageaient un même intérêt pour les langues vernaculaires — Pierre Bécat ayant toujours suivi avec beaucoup d’intérêt le mouvement félibrige et chanté son Languedoc natal non sans accents mistraliens – et une amitié sincère, qui transparaît de façon évidente du texte que nous vous présentons ici où sont évoqués des détails très précis de la vie du poète.

Dans cette lettre est mentionnée la mort de Joseph Rotgé, beau-père de Pierre Bécat, survenue le 12 février précédent à Prades. Homme cultivé et au courant de la vie artistique de sa région, c’est lui qui avait initié le lien avec Amade.