Pierre Bécat, passionné de sciences occultes – comme on l’a vu au moment de ses relations avec la voyante Fraya -, publia cet article dans le journal royaliste des Pyrénées-Orientales Le Roussillon le 25 mai 1923.

Avocat, écrivain, poète, journaliste
Fin 1936, Pierre Bécat se rendit en Algérie avec son épouse pour une tournée de conférences d’un mois, alors qu’il était conférencier officiel du comte de Paris. Le 13 décembre, à l’invitation de l’Union Nationale et Sociale d’Alger, il fit une intervention remarquée à l’Empire-Cinéma. Intitulée « La Corporation et le Régime Corporatif », cette conférence permit à l’orateur de revenir sur les travers de la politique du moment, non sans humour. Parmi l’auditoire, M. Rozis, maire d’Alger, de nombreux membres du conseil municipal, le Bâtonnier…
Voici le compte-rendu qu’en donne le journal Tricolore d’Alger (19/12/1936) :
Crédits : Bibliothèque nationale de France (Gallica)
En 1957, Michel Caire, ami de la famille Bécat, figure parmi les appelés du contingent qui combattent en Algérie. Les lettres sont alors souvent ouvertes et surveillées, mais il n’hésite pas à écrire, plutôt librement, ce qu’il ressent, notamment un quotidien angoissant, entouré de morts de camarades, et de forts ressentiments contre le gouvernement français… Cette lettre, lue par Pierre Bécat, le marqua profondément et le renforça dans ses sentiments contaires à la politique française de cette époque.
Amoureux de son pays natal, illustré dans les recueils « Les chants de ma garrigue » et « Enfance et jeunesse occitane », Pierre Bécat n’a cessé de le chanter et de l’évoquer dans ses poèmes. Nous avons récemment retrouvé le manuscrit d’un recueil de poèmes dont certains semblent avoir été publiés par ailleurs, d’autres non. P. Bécat revenait sans cesse sur le métier et retravailler ses textes, qu’il ne faut donc pas s’étonner de retrouver à plusieurs endroits sous des formes différentes.
Ce recueil est coiffé d’une courte introduction intitulée « Révélation », ce qui pourrait être le titre choisi pour le recueil, même si on ne peut pas en avoir la certitude.
Nous vous proposons ici quelques poèmes extraits de cet ensemble :
Gerbes sur l’Etang de Thau
L’Etang de Thau
Je vois mourir la Gardiole
Mon village
Vendanges d’antan
Mon village en 1912
Le Barrage de Tignes
Dans les années 1920-1930, jusqu’en 1934, Pierre Bécat donne de nombreuses conférences pour l’Action française. Ses archives conservent encore des manuscrits de préparation de ces interventions. Ainsi une conférence « La république devant la banqueroute », dominée par des thèmes économiques et fondée sur des analyses chiffrées, dont on ignore où et quand exactement elle fut donnée. On sait cependant qu’il y est question du cartel des gauches (élu en 1924) et du budget 1925, elle date donc du courant de l’année 1924. Le sujet de la conférence, qui a tout juste cent ans, est d’une étrange actualité (les conséquences d’une mauvaise politique financière sur les « petites gens »).
Cette année, nous célèbrons les 100 ans de la mort de Marcel Azaïs, viticulteur héraultais, écrivain, critique et militant de l’Action française. Ce site, consacré à son beau-frère Pierre Bécat, reviendra sur cette figure importante et méconnue.
Biographie de Marcel Azaïs, d’après André Bécat
La personnalité qui a le plus influencé et formé Pierre Bécat dans sa jeunesse est certainement Marcel Azaïs (7 mai 1888-12 septembre 1924), né d’une famille de propriétaires vignerons aisés, établis dans le pittoresque village de Pignan, près de Montpellier. Mobilisé le 2 août 1914, il avait combattu devant Verdun, en Artois, dans la Somme, en Champagne. Parti avec le grade de brigadier, il était lieutenant à la fin des hostilités. Il avait reçu la croix de Guerre et la Médaille de la bravoure Serbe. Il était devenu le beau-frère de Pierre Bécat, en épousant sa soeur Juliette. Collaborateur de diverses publications, critique musical à l’Action française, ses chroniques étaient une source inépuisable de richesses. Ses études rapides, tracées d’une plume alerte et pénétrante, ses critiques indépendantes, ses dons variés de penseur, poète, musicien, et d’orateur, lui permettaient d’aborder toutes sortes de sujets avec une aisance merveilleuse.
C’était un royaliste et régionaliste ardent. Il était l’unique rédacteur d’une petite revue indépendante : Les essais critiques, où il abordait seul la politique française et étrangère, les livres, le théâtre et les concerts. Dans sa province, il faisait un bien inappréciable, sa belle voix chantante a été entendue un peu partout en Languedoc. Il est mort électrocuté, en essayant de faire fonctionner une pompe électrique dans sa cave après une journée de vendanges, dans sa 36e année. [Voir sa notice nécrologique rédigée par Pierre Bécat et sa correspondance avec Carlos de Lazerme].
D’après André Bécat.
Comme cela a été expliqué par ailleurs dans ces pages, dans les années 1920 Pierre Bécat travailla comme conférencier de l’Action française, en compagnie de son ami Delest, et déploya spécialement ses efforts dans le sud de la France. Cette lettre très vivante est un témoin de l’organisation de ces tournées, en lien avec J.-A. Brunel, responsable du secrétariat régional de la Xe Zone de l’AF (Lozère, Vaucluse, Hautes-Alpes, Basses-Alpes, Bouches-du-Rhône, Var, Alpes-Maritimes, Corse, tous départements dans lequel Pierre Bécat entretenait de nombreux contacts. Il y est question de la préparation d’une conférence à Bédoin (Vaucluse). Autre élément intéressant : y est mentionnée l’intention de Charles Maurras de se rendre à Pignan pour saluer la tombe de Marcel Azaïs.
L’antagonisme entre l’Action française de Charles Maurras et Léon Blum, président du Conseil des Ministres du 4 juin 1936 au 21 juin 1937 et du 13 mars au 10 avril 1938, est connu de tous. Cependant, comme le rapporte son fils, Pierre Bécat, ancien membre de l’AF et proche de Maurras, entretenait de bonnes relations personnelles avec Blum. L’année 1938 fut un dur millésime pour Blum, tant sur le plan politique que personnel. En effet, il perdit se seconde épouse en juillet. Les archives de Pierre Bécat conservent un mot de remerciement personnel écrit par l’homme politique. Malheureusement, nous ignorons l’occasion exacte par laquelle il a été motivé. Il n’est pas impossible que l’éloignement de P. Bécat de l’AF lui ait permis une certaine indépendance de vues, permettant une relation cordiale avec celui que la ligue considérait comme son ennemi mortel.
Le Cercle de Sèze fut fondé à Paris dans les années 1930 par l’avocat Pierre Xardel, célébrant le nom de l’avocat de Louis XVI, et rassemblant des avocats proches du royalisme, mais n’appartenant pas tout à l’Action française. Pierre Bécat en fut l’un des premiers membres, ainsi que son ami Jacques Renouvin.