Joseph Ripouill, issu d’une famille de la Salanque, territoire très catholique et royaliste du département des Pyrénées-Orientales, était l’un des référents locaux de l’Action française. Sa famille possédait à Perpignan le magasin « Au Baby » (magasin de vêtements pour bébés) 8 rue de la poste. Joseph s’occupait de la Fédération des Sections catalanes à Perpignan. Les archives Bécat conservent plusieurs lettres de Ripouill montrant des échanges intenses. On a plusieurs lettres en 1929 que nous ne reproduisons pas ici car elles concernent exclusivement des questions de propriétés agricoles. En 1930, on a une lettre mentionnant des désaccords politiques au sujet de la crise viticole. Par la suite, de nombreuses dissensions ont lieu dans la section locale de l’AF (notamment avec H. Jonquères), au cours desquelles Ripouill perd son titre de secrétaire. Il se rend à Paris en 1932 pour défendre ses intérêts auprès de Ch. Maurras.
Lettres d’Henry Muchart de 1928 et 1930
Henry Muchart (1873-1954) est le fils de Benjamin Muchart, négociant à Arles-sur-Tech, et d’Antoinette Claret. Par ses deux grands-mères, il descend de deux vieilles familles du Vallespir : les Guardia et les Noëll. Avocat au barreau de Perpignan, il est de convictons royalistes, mais profondément légitimiste. C’est cependant surtout pour son activité de poète que Muchart est resté connu en Roussillon : il publie notamment, en 1913, Les fleurs de l’arbre de science chez Grasset, et en 1927 Le miel sauvage dans la Revue des poètes. L’un et l’autre sont distingués par le Prix de l’Académie française.
En 1928, comme on le voit dans cette lettre, Pierre Bécat dédicace La légende du peuple-roi à Henry Muchart, qui lui répond en faisant référence à leur différence d’opinions sur la question de l’héritier du trône. Cependant, la lettre fait aussi référence à une « hideuse affaire de lettres anonymes », impliquent Me Galinier, sur laquelle nous n’avons pas de détails mais qui est certainement à rapprocher du contexte difficile que traverse dans ces années-là l’Action française, et particulièrement en Roussillon.
La lettre de 1930, quant à elle, fait état d’un nouveau cadeau de livre, Sapho, sans que nous sachions exactement de quelle Sapho il s’agit (celle de Léon Daudet?).
23 avril 1928
31 mars 1930
Carte de visite
Lettre de René Mitjavile – 8 décembre 1930
René Mitjavile est issu d’une importante famille d’entrepreneurs en transport (spécialisés dans le transport de Vins) originaire de Cerdagne et basée à Cerbère. Cette famille est aussi de convictions royalistes. Il fut membre de la Société d’Archéologie et de différents cercles. On voit sa photographie sur le site suivant : https://www.commendemajeureroussillon.com/les-sorties/l-annee-1990/
Dans cette lettre à Pierre Bécat, il est question d’un congrès organisé en 1930 par l’Action française.
Echange de lettres entre Carlos de Lazerme et Pierre Bécat – avril 1932
En 1932, l’Action française, par le biais de M. de Lorgeril et de Pierre Bécat, proposa à Carlos de Lazerme (1873-1936), issu d’une célèbre famille perpignanaise, grand propriétaire terrien, poète et ami des intellectuels de son temps, de se présenter à la députation à Narbonne contre Léon Blum (sous l’étiquette « Union nationale et de défense viticole »).
Le fonds Lazerme des Archives départementales des Pyrénées-Orientales conserve la lettre originale de Pierre Bécat à Carlos de Lazerme datée du 16 avril 1932. Nous avons eu la chance de pouvoir la consulter et la reproduisons ci-dessous.
Voici comme suite la réponse de Carlos de Lazerme à Pierre Bécat, contenant un refus à la proposition faite par l’AF.
A voir aussi : lettres de Marcel Azaïs à Carlos de Lazerme (1920-1922)
Carte de visite de Guy de Lacroix
Guy de Lacroix (Tarnos, Landes, 20 février 1899-Perpignan, 3 septembre 1943) est le fils de Joseph de Lacroix et de Sophie de Raymond de Lalande, et le cousin issu de germains de Charles de Lacroix-Barrera. Issu de la branche aînée de la famille de Lacroix, il vécut à la fois dans la demeure des Lacroix rue du palais de Justice à Prades et dans leur hôtel particulier de Perpignan (actuellement bureaux de la Mairie, rue Emile-Zola, sur le trottoir opposé à l’hôtel Pams).
Lettre de Charles de Lacroix du 17 septembre 1930
Charles de Lacroix est né à Prades le 15 mars 1885. Il est le fils d’Henri de Lacroix et de Thérèse Muxart. Sa famille, originaire de Salon-de-Provence, s’est illustrée depuis le XVIIIe siècle comme l’une des principales lignées notables du Conflent puis du Roussillon. Elle compte plusieurs magistrats. Charles de Lacroix, pour rappeler la famille de sa grand-mère paternelle, Clémence de Barrera, dont elle était la dernière représentante, fit changer son nom en « de Lacroix-Barrera ». Il fit l’acquisition du château de Vernet-les-Bains.
Charles de Lacroix termina ses études de droit avec le grade de docteur et fut recruté au Ministère des Finances comme rédacteur.
Les Lacroix étaient des proches des Bécat, qu’ils connaissaient par le biais de la famille de Bordes avec laquelle ils étaient alliés : en effet, Philibert de Bordes, oncle de Mme Bécat, était marié avec Célestine de Lacroix, propre tante de Charles de Lacroix.
Dans cette lettre de 1930, il est question de l’affaire de L’Eclair de Montpellier, sur laquelle nous reviendrons plus tard. Curieusement, Charles de Lacroix était républicain et donc sur une ligne strictement opposée à Pierre Bécat, pourtant ce dernier semble l’avoir défendu face aux attaques dont il fut victime de la part des conservateurs.
En 1925, Lacroix avait tenté de se faire élire conseiller général, et avait été battu par le socialiste Joseph Rous. Elu maire de Prades en 1921, il démissionna après seulement deux ans de mandat, en 1931. Cette lettre est donc datée de l’époque de son mandat.
On voit que cette lettre est écrite sur papier à lettres de la société Ecoiffier (production d’éléctricité dans les Pyrénées-Orientales). En effet, Charles de Lacroix avait épousé en 1912 Louise Ecoiffier, fille du fondateur de cette entreprise, et de Dorothée Violet, elle-même fille de Simon Violet, créateur du célèbre apéritif « Byrrh ». De la sorte, Charles de Lacroix se trouva durant sa vie occuper des postes importants à la fois dans la société Ecoiffier et dans la société « Byrrh ».
Résistant dès 1940, il fut nommé en 1944 préfet de la Drôme. Il mourut le 8 décembre 1971 à Perpignan à l’âge de 86 ans.
Brouillon de lettre de Pierre Bécat au sujet du conflit d’Henry Jonquères avec l’Action française
Cette lettre, envoyée à un destinataire inconnu, fait référence au conflit également évoqué dans les lettres d’Henry Jonquères, et dans d’autres du comte de Vésins que nous publierons bientôt.
Lettres d’Henry Jonquères de 1928 et 1931
29 février 1928
26 mars 1928
10 avril 1928
29 avril 1928
15 juin 1931
Henry Jonquères est né le 11 juin 1877 à Corneilla-del-Vercol, près d’Elne, et mort à Barcelone le 27 mars 1962. Il est le fils aîné de Joseph Jonquères et de Gabrielle d’Oriola. Issu d’une famille de propriétaires terriens de Corneilla-del-Vercol, c’est l’une des figures du royalisme des Pyrénées-Orientales au début du XXe siècle. Secrétaire de la section perpignanaise de la Ligue d’Action française, il est déjà ami avec Pierre Bécat lorsqu’il lui envoie la première d’une série de cinq lettres, en 1928, pour le convier à revenir à Perpignan.
Les lettres suivantes sont plus longues et riches en détails. La seconde, datée du 26 mars 1928, fait état d’un conflit au sein de l’Action française entre Henry Jonquères et le comte de Vésins [avec qui P. Bécat correspond également], responsable des sections du Midi, qui semble vouloir le pousser à renoncer à ses fonctions : « Dites à Maurras d’envoyer d’urgence enquête sur place », demande-t-il à Bécat. Ce dernier écrira d’ailleurs à un autre membre de l’Action française en alertant sur la gravité de la situation, et aura d’autres échanges avec le comte de Vésins que nous publierons ici bientôt. Le 29 avril suivant, après l’avoir félicité pour son livre La Légende du peuple roi, Jonquères lui apprend qu’il a démissionné. Dans cette lettre on apprend que le conflit a rapport avec la présentation de candidats aux élections législatives, ce que voulait faire Jonquères contre l’avis des instances de l’AF. Il ne cesse toutefois pas ses activités puisque trois ans après, le 15 juin 1931, on apprend qu’il est élu président du Comité royaliste, et qu’il écrit encore dans la journal Le Roussillon. Il a alors l’intention de présenter des candidats dans tous les cantons et propose à Pierre Bécat de le faire à Prades.
Lettres de Josep Galinier, 23 avril 1928 et 13 mai 1933
23 avril 1928
13 mai 1933
Ancien camarade de pension de Pierre Bécat à Béziers, Joseph Galinier était juriste comme lui, et il s’installa comme avoué dans le centre de Perpignan. Il possédait une belle villa près du square des Platanes. La première de ces deux lettres est une réaction à la publication de La légende du peuple roi, qui contient de nombreux commentaires ; la seconde est une lettre personnelle.
Carte de visite d’Antoine d’Estève de Bosch, vers 1934
Personnalité distinguée du milieu royaliste roussillonnais, Antoine d’Estève de Bosch (1882-1948) était le fils d’Henri d’Estève de Bosch et de Suzanne Lazerme, importants propriétaires à Ille-sur-Tet. Lui-même docteur en droit, il avait épousé en 1908 Gabrielle du Lac. Cette carte de visite fut envoyée à Pierre Bécat à l’occasion des fiançailles de son fils aîné Antoine avec Marie-Amélie de Pinel de la Taule (mariage célébré en 1935).