Gigean
D’après André Bécat

Avocat, écrivain, poète, journaliste
Pierre Bécat entretient des liens étroits avec la région roussillonnaise dès les années 1920, au tout début de son engagement à l’Action française. Dès 1923, il écrit dans le journal royaliste local, Le Roussillon, et il fréquente toutes les figures importantes de ce courant politique dans le département. C’est là qu’il rencontre son épouse Gabrielle Rotgé et l’épouse, en 1927.
Son activité politique est trépidante dans ces années-là. Très marqué, comme ses confrères, par la condamnation de l’Action française par Pie XI en 1926, il entretient une correspondance fournie avec de nombreuses figures royalistes du Midi, et en particulier du Roussillon, à l’occasion des polémiques constantes qui secouent ces cercles.
Les archives personnelles de Pierre Bécat, récemment déposées aux Archives départementales de l’Hérault, conservent une quarantaine de lettres de Roussillonnais entre 1927 et 1937, ainsi que des lettres à des personnalités extérieures concernant le Roussillon. Nous vous proposons de découvrir ici les lettres qui, parmi cette correspondance, abordent la politique et donnent des renseignements intéressants sur la vie locale de ces années-là.
Voici la liste des correspondants, qui donne accès aux pages concernées :
BARRERE, Antoine
CASTELBERT, Alban
ESTEVE de BOSCH, Antoine d’
GALINIER, Joseph
JONQUERES, Henry
LACROIX, Charles de
LACROIX, Guy de
LAZERME, Carlos de
MITJAVILE, René
MUCHART, Henry
RIPOUILL, Joseph
ROUSSILLON, Charles
SAUTES, M.
VESINS, Bernard de LEVEZOU de
VIDAL, Albert
Cette lettre est un témoignage des efforts de P. Bécat et de sa famille pour attirer des sympathies vers le royalisme. Albert Vidal, habitant de Prades comme les Bécat (et visiblement producteur de griottes, dont il envoie un panier à la famille), vient d’adhérer au Courrier Royal et a convaincu une autre habitante, Mme Cazenavette, voisine de la famille, d’en faire de même. « Je tâcherai d’intéresser quelque vieille dévote au placement d’autres abonnements » (!) La suite de la lettre revient sur des questions plus personnelles.
Bernard de Levezou de Vesins, dit le comte de Vezins, est né le 13 mars 1869 à Bourges, dans une ancienne famille aristocratique de l’Aveyron. Il fut l’un des représentants du catholicisme de l’Action française, et l’un des fervents défenseurs de Maurras après la condamnation du mouvement royaliste par le Vatican en 1926. Penseur du corporatisme, il s’intéressa également aux questions économiques dans la perspective ouverte notamment par René de La Tour du Pin. Il démissionna de l’Action Française en 1930. Il mourut le 6 juillet 1951 à Maisoncelles-du-Maine (Mayenne).
Dans la correspondance que nous présentons ici, il est question des démêlés autour de l’Action française dans les Pyrénées-Orientales également évoqués avec Henry Jonquères.
M. Sautes était un personnage de Perpignan lié à l’Action française. Dans cette lettre envoyée à Pierre Bécat, il est question de politique et des relations avec l’évêque. L’Action française avait été condamnée par le pape l’année précédente. Quelques mois avant avait eu lieu à Perpignan une grande réunion de l’Action française.
Les archives Bécat conservent une lettre sans date, envoyée de Céret, qui est signée d’un certain « Charles Roussillon ». Il s’agit du pseudonyme de l’auteur Jules Badin (1898-1938). Ce dernier, qui a notamment écrit un livre intitulé « Le Village sans cloches », sa lamente sur le succès insuffisant des auteurs de province. Il fait également référence à un article de Pierre Bécat contenant des « impressions » sur le département, paru dans le journal royaliste Le Roussillon.
Joseph Ripouill, issu d’une famille de la Salanque, territoire très catholique et royaliste du département des Pyrénées-Orientales, était l’un des référents locaux de l’Action française. Sa famille possédait à Perpignan le magasin « Au Baby » (magasin de vêtements pour bébés) 8 rue de la poste. Joseph s’occupait de la Fédération des Sections catalanes à Perpignan. Les archives Bécat conservent plusieurs lettres de Ripouill montrant des échanges intenses. On a plusieurs lettres en 1929 que nous ne reproduisons pas ici car elles concernent exclusivement des questions de propriétés agricoles. En 1930, on a une lettre mentionnant des désaccords politiques au sujet de la crise viticole. Par la suite, de nombreuses dissensions ont lieu dans la section locale de l’AF (notamment avec H. Jonquères), au cours desquelles Ripouill perd son titre de secrétaire. Il se rend à Paris en 1932 pour défendre ses intérêts auprès de Ch. Maurras.
Henry Muchart (1873-1954) est le fils de Benjamin Muchart, négociant à Arles-sur-Tech, et d’Antoinette Claret. Par ses deux grands-mères, il descend de deux vieilles familles du Vallespir : les Guardia et les Noëll. Avocat au barreau de Perpignan, il est de convictons royalistes, mais profondément légitimiste. C’est cependant surtout pour son activité de poète que Muchart est resté connu en Roussillon : il publie notamment, en 1913, Les fleurs de l’arbre de science chez Grasset, et en 1927 Le miel sauvage dans la Revue des poètes. L’un et l’autre sont distingués par le Prix de l’Académie française.
En 1928, comme on le voit dans cette lettre, Pierre Bécat dédicace La légende du peuple-roi à Henry Muchart, qui lui répond en faisant référence à leur différence d’opinions sur la question de l’héritier du trône. Cependant, la lettre fait aussi référence à une « hideuse affaire de lettres anonymes », impliquent Me Galinier, sur laquelle nous n’avons pas de détails mais qui est certainement à rapprocher du contexte difficile que traverse dans ces années-là l’Action française, et particulièrement en Roussillon.
La lettre de 1930, quant à elle, fait état d’un nouveau cadeau de livre, Sapho, sans que nous sachions exactement de quelle Sapho il s’agit (celle de Léon Daudet?).
René Mitjavile est issu d’une importante famille d’entrepreneurs en transport (spécialisés dans le transport de Vins) originaire de Cerdagne et basée à Cerbère. Cette famille est aussi de convictions royalistes. Il fut membre de la Société d’Archéologie et de différents cercles. On voit sa photographie sur le site suivant : https://www.commendemajeureroussillon.com/les-sorties/l-annee-1990/
Dans cette lettre à Pierre Bécat, il est question d’un congrès organisé en 1930 par l’Action française.
En 1932, l’Action française, par le biais de M. de Lorgeril et de Pierre Bécat, proposa à Carlos de Lazerme (1873-1936), issu d’une célèbre famille perpignanaise, grand propriétaire terrien, poète et ami des intellectuels de son temps, de se présenter à la députation à Narbonne contre Léon Blum (sous l’étiquette « Union nationale et de défense viticole »).
Le fonds Lazerme des Archives départementales des Pyrénées-Orientales conserve la lettre originale de Pierre Bécat à Carlos de Lazerme datée du 16 avril 1932. Nous avons eu la chance de pouvoir la consulter et la reproduisons ci-dessous.
Voici comme suite la réponse de Carlos de Lazerme à Pierre Bécat, contenant un refus à la proposition faite par l’AF.
A voir aussi : lettres de Marcel Azaïs à Carlos de Lazerme (1920-1922)