Nous reproduisons ici la notice nécrologique rédigée par Pierre Bécat après la mort tragique d’Azaïs et publiée dans le dernier numéro des Essais critiques. Après la mort de Marcel Azaïs, Emmanuel Beau de Loménie (1896-1974) reprit un temps les Nouveaux Essais critiques.
Le 24 janvier 1934, Pierre Bécat écrit à son maître Charles Maurras une lettre dont on conserve un brouillon dans les archives familiales. Il lui signale tout d’abord qu’il vient d’être convoqué à Bruxelles par le comte de Paris, où il s’apprête à se rendre. Il évoque ensuite des dissensions qu’il rencontre avec d’autres membres de l’Action française, notamment Georges Calzant (1896-1962), à qui il reproche d’avoir éventé une provocation en duel tenue secrète. Au-delà de cette affaire d’apparence personnelle, on voit que Pierre Bécat commence à s’éloigner de l’Action française. Les événements de l’année 1934 ne feront que confirmer cette tendance : déçu par l’échec du renversement de la République en février et par les atermoiements de Maurras, après plusieurs années de collaboration, il cessera définitivement ses relations avec la ligue et ses relations avec les princes sera couronnée par sa désignation comme conférencier officiel.
Les centres d’intérêt de Pierre Bécat, loin de se limiter à l’histoire et à la littérature, étaient très variés. Comme beaucoup d’avocats et d’hommes politiques de sa génération, il était passionné par les sciences occultes et les sociétés secrètes. Il entretint notamment des relations suivies avec plusieurs voyantes très en vue, ainsi qu’avec des cercles anthroposophes, théosophes, ésotériques…
Nous présentons ici deux lettres inédites tirées de la correspondance reçue par Pierre Bécat.
Lettre de Madame Fraya à Pierre Bécat (vers 1930)
Valentine Dencausse, dite Madame Fraya (Villeneuve-de-Marsan, 21 mai 1871-Paris, 16 février 1954) est une célèbre voyante française. Protégée du célèbre occultiste Papus, elle se rendit fameuse pour avoir prédit le déclenchement de la Première guerre mondiale ainsi que plusieurs batailles où les Français furent victorieux. En 1914, elle prédit au prince Youssoupov qu’il allait assassiner Raspoutine. Elle a lu dans les mains de toutes les célébrités de la Belle époque : Sarah Bernhardt, Colette, Pierre Loti, Anna de Noailles, Sacha Guitry, Maurice Barrès, Jean Jaurès, Georges Clemenceau. Elle prédit une réussite éclatante à Marcel Proust. Elle tomba cependant en disgrâce après n’avoir pas su annoncer la Seconde guerre mondiale.
Lettre de Gabrielle de Jarny à Pierre Bécat (8 juillet 1940)
Jeune personne dont on ignore la date de naissance et de décès, Gabrielle de Jarny était introduite, dans les années 1930, dans les milieux occultistes français. Dans cette lettre, elle évoque la création du groupe « Les Amis dans la Cité », cercle théosophe créé par Albert Legrand (1887-1950), et qui comptait parmi ses membres les occultistes Sédir et Émile Catzeflis. Elle invite Pierre Bécat à y participer malgré le contexte peu propice de la défaite de la France.
Après guerre, Gabrielle de Jarny publia de nombreux ouvrages : Le Christianisme vu par les côtés cachés à l’histoire (1951), Initiation au mysticisme chrétien, résumé des connaissances préparatoires au mysticisme chrétien (1958), En esprit et en vérité (1959), Nourritures spirituelles (1961)…
Conservée dans le fonds d’archives Bécat, cette lettre du 4 mai 1940 a été envoyée par Jacques Renouvin à Gabrielle Bécat, alors que Pierre était mobilisé sous les drapeaux.
Plusieurs documents inédits apportent d’intéressants témoignages sur la carrière, la vie personnelle et militante de Pierre Bécat. Au milieu de ses archives, nous avons retrouvé sa carte de l’Ordre des Avocat à la Cour d’Appel de Paris, sa carte de membre de la Ligue d’Action française, son fascicule de mobilisation en 1917 et son ordre d’appel sous les drapeaux en 1940.
Carte d’avocat (Ordre des Avocats à la Cour d’Appel de Paris)
Nous présentons ici plusieurs portraits photographiques de Pierre Bécat à différents moments de sa vie, récemment découverts dans les archives familiales.
Pierre Bécat pendant ses études de droit (vers 1914)
Pierre Bécat en robe d’avocat (vers 1930)Pierre Bécat en uniforme (1940)
En 1928, dans le cadre de la querelle entre l’Action française et l’Eglise, le journal royaliste L’Eclair de Montpellier, dans lequel Pierre Bécat avait beaucoup écrit, traverse d’importantes difficultés. Pierre Bécat réagit vivement dans le journal La Gazette de l’Hérault par un article en une publié dans son numéro du 5 août 1928.
Les événements qui se déroulent en Espagne dans les années 1930 sont cruciaux dans l’histoire européenne. Les royalistes y apportent une grande attention. Lors de la guerre civile espagnole, si beaucoup d’entre eux apportent leur sympathie au camp nationaliste, rejetant profondément l’anti-cléricalisme de beaucoup de secteurs de gauche, tous ne réagissent pas de la même façon. Les carlistes, après avoir soutenu le soulèvement des généraux, se diviseront profondément, et le Régent sera chassé par Franco en 1937. Un royaliste comme Bernanos – qui avait, il est vrai, rompu avec l’Action française dès 1931 – dénoncera le régime de Franco comme une trahison aux traditions monarchiques de l’Espagne.
Dès 1930, Pierre Bécat est reconnu comme un bon observateur de l’Espagne par la rédaction de l’Action française qui le charge de rédiger pour sa une du 22 décembre une analyse des conflits politiques qui menacent alors le trône d’Alphonse XIII.
Avant même la chute du souverain en avril 1931, Pierre Bécat montre avec clairvoyance que dès 1930 tous les éléments des conflits des années postérieures étaient déjà réunis. La violence qui allait se déchaîner était déjà en germe, et c’est bien la chute de la monarchie qui promettait de lâcher les fauves dans l’arène.
Les méridionaux sont une importante composante de l’Action française dès ses origines. Charles Maurras lui-même est originaire de Martigues et se passionne pour le félibrige, l’occitan et le provençal. Beaucoup de ses amis sont des écrivains, journalistes et poètes méridionaux. Pierre Bécat ne fait pas exception et, dès son plus jeune âge, il se passionne pour sa région d’origine, le Languedoc. Sa vie durant, il publiera différents recueils de poèmes et romans dont l’action se déroule dans les environs de Gigean et de Pignan. Aussi n’est-il pas étonnant de le trouver à plusieurs reprises aux premiers rangs des animateurs de l’association des « Méridionaux d’Action française ».
L’Action française du 20 août 1924
L’Action française du 18 novembre 1924
En novembre 1924, lors d’une réunion de l’association, est évoquée la mémoire de Marcel Azaïs, récemment décédé.