Le 26 juin 1927 a lieu une grande réunion de l’Action française à Perpignan, prévue avec la présence de Léon Daudet. Pendant plusieurs semaines, Pierre Bécat prend en charge d’intenses préparatifs en vue de cette visite. Cependant, quelques jours avant le grand jour, Daudet est emprisonné.
Dans le numéro du 3 juillet 1927, les préparatifs sont relatés :
Le numéro du 28 juin relate la réunion de Perpignan en résumant les différents discours : de M. de Palaminy, de Pierre Bécat, d’Eugène Magne, et de Lucien Lacour. Pierre Bécat donne également un discours au moment du banquet de la Saint-Jean.
Militant royaliste dès son plus jeune âge, Pierre Bécat est depuis 1920 le beau-frère de Marcel Azaïs, figure marquante de l’Action française (voir le mariage de Marcel Azaïs et de Juliette Bécat). C’est également parmi les jeunes filles d’Action française qu’il rencontre son épouse Gabrielle, avec qui il se marie en 1927.
Pierre Bécat écrit d’abord dans des journaux de l’Hérault, puis des Pyrénées-Orientales. En mars 1923, il prend la plume dans Le Roussillon, la feuille royaliste de Perpignan, afin de soutenir la candidature de Charles Maurras à l’Académie française. En plus de convictions monarchistes, il partage avec lui un attachement aux langues occitane et provençale, à travers le mouvement félibre, et une profonde culture antique.
Le 19 mars 1923, le nom de Pierre Bécat est cité pour la première fois dans l’Action française. Le grand journal parisien reprend un extrait de son article paru dans Le Roussillon.
Nous ne les reprendrons pas toutes ici, mais nous tâcherons, au fur et à mesure que le site évoluera, d’attirer l’attention du lecteur sur tel ou tel article intéressant.
C’est tout d’abord à travers des annonces ou des résumés de conférences que Pierre Bécat apparaît dans le journal. Dès 1924, en effet, il parcourt les routes de France, de ville en ville, de village en village, en tant que conférencier officiel de l’Action française.
Il commence en compagnie de son beau-frère Marcel Azaïs. On a le témoignage d’une conférence donnée à deux le 28 juin 1924.
(L’Action française du 3 juillet 1924 ; source : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k761999f/f3)
Sa carrière de conférencier s’accélère de façon exponentielle après la mort de M. Azaïs. Il réalise chaque année des tournées en compagnie de Louis Sentupéry, Louis Jasseron, Joseph Delest, Elie de Sèze, Paul Gaudeffroy… 1925 est une année particulièrement intense, P. Bécat est sur tous les fronts, s’exprimant à la fois sur le scandale de la mort de Ph. Daudet survenu deux ans plus tôt, sur les questions économiques et surtout agricoles. C’est principalement dans des régions rurales ou industrielles, les bassins miniers du Tarn, le Midi viticole, que ses pas le portent. Les tournées se poursuivent de plus belle en 1926, 1927, 1928 et 1929, marquées par la condamnation de l’Action française par le pape Pie XI.
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Apprécié pour ses talents d’orateur, ayant fait ses preuves pendant plusieurs années, il peut enfin publier ses propres textes dans L’Action française. Il entre par la grande porte puisque son premier article, daté du 10 juin 1930, consacré à la crise viticole, paraît en première et seconde page du journal.
Dès 1930, donc, il compte parmi les collaborateurs réguliers du journal, et y aborde à la fois des sujets politiques et agricoles. Entre 1930 et 1931, il publie 6 articles, apparaissant tous en une, puis, le 19 août 1933, il publie un article en page 4.
Ayant repris les cycles de conférences de 1930 à 1934, il se rapproche progressivement du cercle intime des princes d’Orléans. L’année 1934 marque une date cruciale pour l’Action française. Au cours des manifestations antiparlementaires du 6 février, les camelots du roi sont au premier rang des cortèges. Cependant, en raison d’une mauvaise coordination et de divergences de vues entre les différentes ligues, l’objectif de renverser la République n’est pas atteint. L’Action française est un temps menacée, et de graves conflits se font jour à travers ses rangs.
C’est au cours de cette année, après le mois de juillet, que Pierre Bécat cesse définitivement de collaborer directement avec le journal. Les atermoiements de Charles Maurras, à qui il reproche d’être plus disposé à la polémique littéraire et journalistique qu’à de grandes actions politiques, entraînent un refroidissement des rapports entre les deux hommes et le nom de Bécat n’apparaît plus dans les célèbres colonnes du quotidien.
Restant toujours proche intellectuellement et sympathisant de ses combats, Pierre Bécat continuera à fréquenter intimement Charles Maurras et à échanger littérairement avec lui, sans toutefois se retourner vers son journal, dont il reste détaché durant la Seconde guerre mondiale.
Il s’agit du premier article publié par Pierre Bécat dans l’Action française, en une et page 2 du numéro du 10 juin 1930. Après plusieurs années très intenses de conférences pour le parti politique (1924-1929), P. Bécat entrait enfin parmi les collaborateurs réguliers du journal.
Dans les années 1930, Pierre Bécat réalise de nombreux meetings, discours et débats dans toute la France, comme on a pu le voir à Nîmes en 1933. Une affiche inédite tirée des archives Bécat montre également un des grands moments de sa carrière de tribun : le « grand duel oratoire » qui l’oppose, le 1er janvier 1936, à Charles Dupuis, vice-président du Parti radical socialiste. Ce duel a lieu à Cambrai, au cinéma « Le Familia » (dont on peut découvrir l’histoire et des photographies sur le site : http://cinemasdunord.blogspot.com/2014/10/le-familia-de-cambrai.html).
Charles Dupuis (1902-1993), haut fonctionnaire des Finances et militant politique, déploya également des activités de poète. Un site lui est consacré : http://charlesandrey.dupuis.free.fr/fdupuis1.html. Voici un extrait de sa biographie pour les années concernées :
À partir de 1926 en effet, haut fonctionnaire des Finances dans le Nord puis à Paris qu’il regagna en 1936 pour organiser le Front Populaire, Charles Dupuis, toujours poète (il publia en 1935 le recueil Au hasard de leurs mains ouvertes), ajouta une troisième (au moins) corde à son arc en adhérant et en militant au Parti radical et radical-socialiste dont il fut, à l’extrême-gauche, vice-président national. Orateur de réunions publiques, il se fit simultanément journaliste (le plus souvent bénévole), dirigeant l’hebdomadaire radical La Démocratie cambrésienne, collaborant à Paris à l’hebdomadaire satirique et contestataire Le Petit Bara, et surtout donnant au journal radical La République, sous le pseudonyme de Narcisse, une chronique quotidienne rimée de 35 ou 40 vers, dont la variété de sujets et de tons illustre merveilleusement les diverses facettes de son existence et la cohérence de sa pensée humaniste, libertaire voire anarchiste, anticolonialiste et pacifiste. Son initiation dans la franc-maçonnerie, « société discrète mais non secrète », en 1929 lui apprit à écouter mieux encore les autres et lui permit d’approfondir sa philosophie humanitaire pour mieux la pratiquer : fier de ses « origines prolétariennes », il ne cessa de prendre le parti de Jacques et de Jean-Françoué contre les idolâtres de la « Phynance », adoptant souvent, à côté de poèmes très lyriques ou de tentatives « futuristes », le langage et la forme des chansons populaires.
Si, comme beaucoup de conservateurs et de monarchistes, Pierre Bécat voit d’un bon oeil certains aspects de la « Révolution nationale » dépeinte par le maréchal Pétain en 1940, il n’entretient cependant aucune illusion sur un système qui, malgré un espoir de sortie du parlementarisme, conserve beaucoup de travers de la République.
En relation directe avec les résistants Jacques Renouvin (1905-1944), l’un de ses meilleurs amis, et Pierre de Bénouville (1914-2001), il fournit même une cachette au premier lors de son passage en Roussillon.
Sur le plan politique, il ne donne pas de blanc-seing aux autorités et sa conduite est rapidement suspecte. Dès mai 1942, il est visé par un décret préfectoral considérant qu’il « déploie une activité de nature à troubler l’ordre public » et qui le condamne au confinement sur la commune de Maury (Pyrénées-Orientales). Voir illustration ci-dessus (document tiré des archives Bécat).
Gabrielle Bécat, son épouse, se démène alors pour obtenir l’annulation de ce décret. Elle se rend à Vichy où elle trouve, selon le témoignage de son fils, une bureaucratie décadente et pathétique. Elle réussira néanmoins à débloquer la situation.
Après la chute du régime de Vichy, en 1944, victime de dénonciations, Pierre Bécat est détenu un temps à Prades, comme beaucoup de royalistes ou de conservateurs accusés en réalité de délit d’opinion. À nouveau, son épouse intervient pour établir son innocence et le faire libérer, en réunissant des témoignages et des pièces pour son dossier.
C’est l’intervention d’un proche des Bécat, Me Jean-Marie Petit, et surtout de son frère Henri, célèbre résistant connu sous le nom de « Colonel Romans », chef du maquis de l’Ain et proche du général de Gaulle qui l’a fait compagnon de la Libération en juin 1944, que Pierre Bécat est libéré. Il ne sera jamais inquiété et recevra même la Légion d’Honneur.
Après la guerre, Pierre Bécat assistera au procès du maréchal Pétain et défendra plusieurs personnes jugées par la Haute Cour de Justice.
Nous publions ici une série de photographies inédites éclairant un épisode intéressant de la vie de Pierre Bécat. Conférencier de l’Action française, il devint également conférencier du comte de Paris dans les années 1930. À ce titre, il travailla à de nombreuses reprises avec le prince (qui lui écrivit souvent) et lui rendit visite plusieurs fois au Manoir d’Anjou, situé dans la banlieue de Bruxelles, résidence de la famille d’Orléans.
Voici le témoignage d’André Bécat au sujet des photographies :
« Dans les années 1930, mes parents allaient régulièrement au manoir d’Anjou, où habitaient le duc de Guise et son fils. Ces photos leur ont été données par les princes dans les années 1936. Mon père a effectué une série de conférences sous le patronage du comte de Paris, dont un cycle en Algérie. Ma Mère l’accompagnait ».
Dans ce poème, publié dans la revue Conflent, Pierre Bécat évoque sa jeunesse dont une partie se passa sur le front. En effet, il fut mobilisé et revint « gueule cassée » de la Grande Guerre avec une pension d’invalidité.