Méridionaux d’Action française

Les méridionaux sont une importante composante de l’Action française dès ses origines. Charles Maurras lui-même est originaire de Martigues et se passionne pour le félibrige, l’occitan et le provençal. Beaucoup de ses amis sont des écrivains, journalistes et poètes méridionaux. Pierre Bécat ne fait pas exception et, dès son plus jeune âge, il se passionne pour sa région d’origine, le Languedoc. Sa vie durant, il publiera différents recueils de poèmes et romans dont l’action se déroule dans les environs de Gigean et de Pignan. Aussi n’est-il pas étonnant de le trouver à plusieurs reprises aux premiers rangs des animateurs de l’association des « Méridionaux d’Action française ».

L’Action française du 20 août 1924
L’Action française du 18 novembre 1924

En novembre 1924, lors d’une réunion de l’association, est évoquée la mémoire de Marcel Azaïs, récemment décédé.

26 juin 1927. Grande réunion de l’Action française à Perpignan

Le 26 juin 1927 a lieu une grande réunion de l’Action française à Perpignan, prévue avec la présence de Léon Daudet. Pendant plusieurs semaines, Pierre Bécat prend en charge d’intenses préparatifs en vue de cette visite. Cependant, quelques jours avant le grand jour, Daudet est emprisonné.

Dans le numéro du 3 juillet 1927, les préparatifs sont relatés :

Le numéro du 28 juin relate la réunion de Perpignan en résumant les différents discours : de M. de Palaminy, de Pierre Bécat, d’Eugène Magne, et de Lucien Lacour. Pierre Bécat donne également un discours au moment du banquet de la Saint-Jean.

 

Pierre Bécat et l’Action française

Militant royaliste dès son plus jeune âge, Pierre Bécat est depuis 1920 le beau-frère de Marcel Azaïs, figure marquante de l’Action française (voir le mariage de Marcel Azaïs et de Juliette Bécat). C’est également parmi les jeunes filles d’Action française qu’il rencontre son épouse Gabrielle, avec qui il se marie en 1927.

Pierre Bécat écrit d’abord dans des journaux de l’Hérault, puis des Pyrénées-Orientales. En mars 1923, il prend la plume dans Le Roussillon, la feuille royaliste de Perpignan, afin de soutenir la candidature de Charles Maurras à l’Académie française. En plus de convictions monarchistes, il partage avec lui un attachement aux langues occitane et provençale, à travers le mouvement félibre, et une profonde culture antique.

Le 19 mars 1923, le nom de Pierre Bécat est cité pour la première fois dans l’Action française. Le grand journal parisien reprend un extrait de son article paru dans Le Roussillon.

(source : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k761530q/f4)

De 1924 à 1934, le nom de Pierre Bécat va apparaître à de très nombreuses reprises dans le journal : 744 occurrences d’après le moteur de recherche de « Gallica », la bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France : https://gallica.bnf.fr/services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&startRecord=0&maximumRecords=15&page=1&collapsing=disabled&query=%28gallica%20adj%20%22Pierre%20B%C3%A9cat%22%29%20and%20arkPress%20all%20%22cb326819451_date%22%20sortby%20dc.date%2Fsort.ascending.

Nous ne les reprendrons pas toutes ici, mais nous tâcherons, au fur et à mesure que le site évoluera, d’attirer l’attention du lecteur sur tel ou tel article intéressant.

C’est tout d’abord à travers des annonces ou des résumés de conférences que Pierre Bécat apparaît dans le journal. Dès 1924, en effet, il parcourt les routes de France, de ville en ville, de village en village, en tant que conférencier officiel de l’Action française.

Il commence en compagnie de son beau-frère Marcel Azaïs. On a le témoignage d’une conférence donnée à deux le 28 juin 1924.

(L’Action française du 3 juillet 1924 ; source : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k761999f/f3)

Sa carrière de conférencier s’accélère de façon exponentielle après la mort de M. Azaïs. Il réalise chaque année des tournées en compagnie de Louis Sentupéry, Louis Jasseron, Joseph Delest, Elie de Sèze, Paul Gaudeffroy… 1925 est une année particulièrement intense, P. Bécat est sur tous les fronts, s’exprimant à la fois sur le scandale de la mort de Ph. Daudet survenu deux ans plus tôt, sur les questions économiques et surtout agricoles. C’est principalement dans des régions rurales ou industrielles, les bassins miniers du Tarn, le Midi viticole, que ses pas le portent. Les tournées se poursuivent de plus belle en 1926, 1927, 1928 et 1929, marquées par la condamnation de l’Action française par le pape Pie XI.

***

Apprécié pour ses talents d’orateur, ayant fait ses preuves pendant plusieurs années, il peut enfin publier ses propres textes dans L’Action française. Il entre par la grande porte puisque son premier article, daté du 10 juin 1930, consacré à la crise viticole, paraît en première et seconde page du journal.

Une du 10 juin 1930 contenant le premier article de P. Bécat publié dans l’A.F. (en bas à droite). Source : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k764169r/f1

Vous pouvez lire le texte intégral de ce premier article sur une page qui lui est consacrée.

Dès 1930, donc, il compte parmi les collaborateurs réguliers du journal, et y aborde à la fois des sujets politiques et agricoles. Entre 1930 et 1931, il publie 6 articles, apparaissant tous en une, puis, le 19 août 1933, il publie un article en page 4.

Ayant repris les cycles de conférences de 1930 à 1934, il se rapproche progressivement du cercle intime des princes d’Orléans. L’année 1934 marque une date cruciale pour l’Action française. Au cours des manifestations antiparlementaires du 6 février, les camelots du roi sont au premier rang des cortèges. Cependant, en raison d’une mauvaise coordination et de divergences de vues entre les différentes ligues, l’objectif de renverser la République n’est pas atteint. L’Action française est un temps menacée, et de graves conflits se font jour à travers ses rangs.

C’est au cours de cette année, après le mois de juillet, que Pierre Bécat cesse définitivement de collaborer directement avec le journal. Les atermoiements de Charles Maurras, à qui il reproche d’être plus disposé à la polémique littéraire et journalistique qu’à de grandes actions politiques, entraînent un refroidissement des rapports entre les deux hommes et le nom de Bécat n’apparaît plus dans les célèbres colonnes du quotidien.

En janvier 1934 déjà, il faisait part à Charles Maurras des conflits qui l’opposaient à d’autres membres de l’Action française et lui signalait qu’il avait été convoqué par le comte de Paris. Fin 1934, il finit par être désigné conférencier officiel du prince, et peut continuer son activité d’orateur.

Restant toujours proche intellectuellement et sympathisant de ses combats, Pierre Bécat continuera à fréquenter intimement Charles Maurras et à échanger littérairement avec lui, sans toutefois se retourner vers son journal, dont il reste détaché durant la Seconde guerre mondiale.



1936. Grand duel oratoire Pierre Bécat/Charles Dupuis, vice-président du Parti Radical Socialiste

Dans les années 1930, Pierre Bécat réalise de nombreux meetings, discours et débats dans toute la France, comme on a pu le voir à Nîmes en 1933. Une affiche inédite tirée des archives Bécat montre également un des grands moments de sa carrière de tribun : le « grand duel oratoire » qui l’oppose, le 1er janvier 1936, à Charles Dupuis, vice-président du Parti radical socialiste. Ce duel a lieu à Cambrai, au cinéma « Le Familia » (dont on peut découvrir l’histoire et des photographies sur le site : http://cinemasdunord.blogspot.com/2014/10/le-familia-de-cambrai.html).

Charles Dupuis (1902-1993), haut fonctionnaire des Finances et militant politique, déploya également des activités de poète. Un site lui est consacré : http://charlesandrey.dupuis.free.fr/fdupuis1.html. Voici un extrait de sa biographie pour les années concernées :

À partir de 1926 en effet, haut fonctionnaire des Finances dans le Nord puis à Paris qu’il regagna en 1936 pour organiser le Front Populaire, Charles Dupuis, toujours poète (il publia en 1935 le recueil Au hasard de leurs mains ouvertes), ajouta une troisième (au moins) corde à son arc en adhérant et en militant au Parti radical et radical-socialiste dont il fut, à l’extrême-gauche, vice-président national. Orateur de réunions publiques, il se fit simultanément journaliste (le plus souvent bénévole), dirigeant l’hebdomadaire radical La Démocratie cambrésienne, collaborant à Paris à l’hebdomadaire satirique et contestataire Le Petit Bara, et surtout donnant au journal radical La République, sous le pseudonyme de Narcisse, une chronique quotidienne rimée de 35 ou 40 vers, dont la variété de sujets et de tons illustre merveilleusement les diverses facettes de son existence et la cohérence de sa pensée humaniste, libertaire voire anarchiste, anticolonialiste et pacifiste. Son initiation dans la franc-maçonnerie, « société discrète mais non secrète », en 1929 lui apprit à écouter mieux encore les autres et lui permit d’approfondir sa philosophie humanitaire pour mieux la pratiquer : fier de ses « origines prolétariennes », il ne cessa de prendre le parti de Jacques et de Jean-Françoué contre les idolâtres de la « Phynance », adoptant souvent, à côté de poèmes très lyriques ou de tentatives « futuristes », le langage et la forme des chansons populaires.

Pierre Bécat conférencier. A la fête du Cercle Saint-Charles à Nîmes en 1933

Comme le rapporte le journal L’Éclair de Montpellier, journal dans lequel Pierre Bécat publiait souvent des articles, dans son édition du 11 décembre 1933, la fête du Cercle Saint-Charles à Nîmes la veille donna lieu à une manifestation royaliste.

P. Bécat vint spécialement participer à la fête en tant que conférencier. Il passa en revue la situation financière, sociale et la politique extérieure du pays et défendit le système des corporations. Selon le journal, son intervention eut un grand succès.

Consultez le numéro entier sur le site des Archives départementales de l’Hérault :

http://archives-pierresvives.herault.fr/ark:/37279/vta1e12c7b97ccc9b8b/daogrp/0/364

 

 

Regards sur la décadence

Nous vous invitons à consulter le fascicule « Pierre Bécat, un regard sur l’histoire » (textes extraits de Regards sur la décadence) diffusé par le Groupe d’Action Royaliste, et disponible en format PDF à l’adresse suivante : http://www.calameo.com/books/00086931338f23ddb9d8b
Nous publions également un autre extrait de cet ouvrage, transmis et introduit par M. Frédéric Winckler du Groupe d’Action Royaliste, et publié sur le site http://www.actionroyaliste.com/.
J’ai passé de nombreux après-midi avec Pierre Becat, durant lesquels nous parlions des heures interminables sur ses souvenirs d’Action Française. De Pierre de Bénouville (résistant) et Jacques Renouvin (résistant, mort en déportation), anciens Camelots du Roi, qu’il avait bien connu, du Comte de Paris et tant d’autres souvenirs. Les lecteurs de Proudhon, les esprits libres y trouveront matière à réfléchir. Bref ceux qui tournent le dos au prêt à penser, qu’ils soient de sensibilité de gauche comme de droite, pourvu qu’ils aient encore dans les veines un sang « rebelle » face au monde uniforme qui approche. C’est en pensant à lui, que je publie ici quelques lignes ou nous retrouvons toute son analyse parfaite des évènements qui de la Révolution à aujourd’hui, illustrent la décadence Française… 
La mort du maître de l’Empirisme Organisateur, méthode d’analyse historique, qui servira au gouvernement, d’occasion pour dissoudre les Ligues.
Cet empirisme qui annonçait la guerre arrivant, faisant suite aux clauses du mauvais traité de Versailles, « plus dure dans ce qu’il devait être tolérant et plus tendre dans ce qu’il devait être intransigeant…. ».
Comment l’absence de stratégie et le manque de diplomatie, précipitèrent l’Italie dans les bras d’Hitler, au nom de belles idées utopiques, annonciatrices de charniers…
Frédéric Winkler

Les obsèques de Jacques Bainville

Les obsèques de Jacques Bainville, écrivain, historien, journaliste, de l’Académie Française, ont eu lieu le 13 février 1936. Le corps du défunt avait été exposé dans la cour de l’immeuble où il habitait, rue de Bellechasse. A midi, dans ce local trop étroit pour contenir tous ceux qui s’y pressaient, deux discours furent prononcés : l’un par Léon Daudet, au nom des amis du défunt, l’autre par Me Henri Robert, directeur de l’Académie Française, parlant à titre personnel et en tant que représentant de l’illustre compagnie.
«La mort de Jacques Bainville, commença Henri Robert, est pour tous ceux qui l’ont connu, aimé et admiré, un sujet de profonde tristesse. Certes, nous le savions malade, atteint aux sources mêmes de la vie, mais nous voulions espérer quand même. II nous donnait l’exemple, en luttant avec un indomptable courage, un magnifique stoïcisme contre le mal qui le torturait. II avait auprès de lui, pour l’aider dans ce dur combat, sa femme dont les soins attentifs et l’inlassable dévouement réussirent par une sublime conspiration, à l’arracher plusieurs fois à son cruel destin.»
«Sa femme et son fils, ses confrères et ses amis ne sont pas les seuls à ressentir profondément la perte douloureuse qu’ils viennent de subir. Les Lettres françaises sont aussi en deuil. Maurice Donnay, en le recevant à l’Académie, a fait de notre confrère un magistral et définitif éloge.»«Dans les tristes circonstances présentes, je ne puis qu’évoquer son oeuvre. Jacques Bainville a écrit des livres qui ont con sacré sa grande réputation, et il est toujours resté fidèle au journalisme dans lequel il avait fait ses débuts, alors qu’il sortait à peine du lycée, en écrivant à Francisque Sarcey une lettre que celui-ci inséra dans Le Temps. Voir pour la première fois son nom imprimé dans les colonnes d’un grand journal, quelle joie et quel orgueil pour un collégien. Ce simple fait décida peut-être de sa vocation… »
Après ce discours qu’il serait trop long de reproduire en entier, Léon Daudet poursuivit :
«C’est comme vis-à-vis quotidien de Jacques Bainville, à notre table commune de travail de l’Action Française depuis vingt-huit ans, que je viens apporter à l’admirable veuve et au fils de notre cher ami, le suprême témoignage de notre douleur et aussi de notre fierté. Fierté que peuvent partager tous les collaborateurs de ce grand écrivain qui fut aussi un grand patriote.» «Eadem velle eadem nolle ea est vera amicitia. Vouloir les mêmes choses, ne pas vouloir les mêmes choses, voici la véritable amitié. La fidélité amicale de Bainville était connexe à la fidélité de ses convictions politiques. II disait de Charles Maurras qu’il lui devait tout sauf le jour. Cette formule pourrait être celle de la plupart d’entre nous. Tant de peines profondes et aussi de joies et de certitudes en commun ont créé entre nous, les maurrassiens, une solidarité que la mort même ne saurait anéantir. » «S’il est vrai que l’amour est plus fort que la mort, cela n’est pas moins vrai de l’amitié et au-delà des tombeaux quand il s’agit d’écrivains et d’hommes d’action, celle-ci se continue par leurs oeuvres, par leurs actes, par leurs intentions fraternelles.» «Amis, nous le fûmes dans la patrie, dans la France, notre mère, dont les dangers, les risques nous apparurent ensemble. Historien né, objectif et clairvoyant, pressentant les effets dans les causes comme un Thucydite et un Fustel de Coulanges, Bainville était atteint de cette transe des époques troubles : l’angoisse pour le pays. II n’était pas de jour qu’il ne m’en parlât ou n’y fît allusion. Poète par surcroît et de l’esprit le plus vif, le plus spontané, il voyait, navigateur des âges écoulés, monter à l’horizon les points noirs, annonciateurs de la tempête.» «Un article de lui dans la revue d’Action Française du 14 juillet 1914, intitulé Le Rêve serbe, annonce avec précision et clarté le mécanisme de la guerre européenne qui vient.»… «Sa plume ne tomba de ses mains qu’à la dernière minute. Jusqu’à ses derniers moments il s’entretint avec nous des sujets les plus divers, de ceux surtout qui lui tenaient au coeur. Cela nous permettait à nous, les collaborateurs de chaque jour, de lui cacher notre inquiétude.» «La veille de sa mort, il s’occupait avec Maurras de La Bruyère et il nous parlait de ses projets. Une seule plainte : quand pourrai-je reprendre avec vous nos petits dîners d’amis.» «Cher Bainville, tendre, délicat, grandiose ami, jusqu’à l’heure d’aller vous rejoindre, quand nous aurions dû vous précéder nous ne cesserons de penser à vous, de vous pleurer, de prier pour vous. »
Depuis lors, les événements n’ont fait que confirmer ce que nous savions déjà. Jacques Bainville était un esprit prophétique. C’est dans l’étude du passé, dans les profondeurs de l’Histoire qu’il lisait l’avenir. Entre autres prévisions, il avait annoncé, sept ans à l’avance, l’avènement d’Hindenbourg à la présidence de la république allemande. Peut-être alors, disait-il, mesurera-t-on l’aberration de notre politique. L’aveuglement de nos politiciens n’en persista pas moins. Et Hindenbourg eut toute latitude pour préparer la revanche en laissant la place à Hitler. La France était alors dans une de ces périodes tragiques, qui n’était pas la première depuis la Révolution et ne devait pas être la dernière, où chacun sent la catastrophe imminente, mais rares sont ceux qui osent l’annoncer. Cette sorte de léthargie permet aux gouvernements républicains de lancer le pays dans une guerre de diversion. Après quoi, il est interdit de douter de la victoire, faute d’être défaitiste. Et quand la défaite survient, laissant la France humiliée et meurtrie, les responsables s’en tirent en passant le fardeau aux innocents dont ils feront ensuite leurs accusés et leurs victimes.
C’était l’époque où Maurras écrivait : L’amour de l’Allemagne est une des maladies de la gauche française. Pourquoi ? Par ce que l’entreprise politique à laquelle la gauche, bon gré, mal gré, consciemment ou non, se trouve associée, est une entreprise d’anarchie et de barbarie dont les frais doivent être payés par tous les Français. La haine du passé français voue la gauche à cette fonction. La gauche s’était lancée dans une campagne acharnée contre Mussolini, notre allié le plus naturel, qui avait jusqu’alors empêché l’Anschluss en mobilisant sur le Brenner. Quant à l’Hitlérisme, elle ne s’en préoccupait point. Elle était même persuadée qu’en abandonnant la Sarre au Reich et en laissant les Allemands réoccuper la rive gauche du Rhin on aboutirait à une paix certaine. «Les chefs socialo-démocrates et communistes ont ruiné la propagande nazie», écrivait Léon Blum dans le Populaire du 12 janvier 1934. En fait, le plébiscite apportait à Hitler 90 % des votants. Confirmation aveuglante des résultats précédents qui n’avaient en rien modifié l’attitude des mêmes politiciens. C’est ainsi que dans le Populaire du 18 janvier 1932, on avait pu lire ces lignes, sous la même signature :«II est infiniment peu probable qu’une fois installé au gouvernement Hitler se livre à des provocations directes soit vis-à-vis de la France, soit même vis à-vis des puissances de l’Est. Révolutionnaire, il s’incline aujourd’hui devant la légalité allemande; il s’inclinera demain devant la légalité internationale.»
Or, en 1933 Hitler quittait la Société des Nations.
En mars 1935, il déchirait le Traité de Versailles et annonçait le réarmement de l’Allemagne.
En mars 1936, dénonçant le pacte de Locarno, il réoccupait en force la rive gauche du Rhin.
Seul, le député socialiste M. Grumbach, dans le Republikaner de Mulhouse, sans doute parce qu’Alsacien, se rallia aux démonstrations de Bainville. II s’était rendu compte que la victoire électorale des racistes de Hitler en Saxe avait coïncidé avec notre évacuation de la Rhénanie. En juin 1936, c’est l’avènement du Front Populaire. Hitler, complètement rassuré, se pose en défenseur de l’Italie à qui le gouvernement de la France applique rigoureusement «les sanctions», au sujet de l’Ethiopie. Seul, jusqu’alors, Mussolini s’était opposé à l’Anschluss, en mobilisant sur le Brenner en 1934. Désormais, il restera neutre. Hitler, n’ayant rien à redouter de la part de la France, décidera la réunion de tous les pays de langue allemande et occupera l’Autriche le 13 mars 1938.
Après avoir réussi son coup de force en Tchécoslovaquie, occupé Mémel, postérieurement aux accords de Munich, renforcé son alliance avec l’Italie et signé le pacte de neutralité germano-soviétique. Hitler se voit déclarer la guerre par le Front Populaire, au moment même, comme l’a dit Maurras, où il n’attendait que cela. Devant cette veulerie de l’Etat démocratique français, Bainville avait écrit avant sa mort : »Il ne sert à rien d’avoir raison.» Livrant au jour le jour le fruit de ses méditations, Jacques Bainville parlait peu, sauf avec quelques intimes : Léon Daudet, Maurras, Léon Bérard et certains autres qui ne concluaient pas comme lui à la nécessité de la monarchie, tel Raymond Poincaré qui était un de ses lecteurs assidus et un de ses admirateurs. Je n’ai pas oublié pour ma part une conversation prolongée que j’ai eu la chance d’avoir avec lui, après la parution de ses deux ouvrages que j’aime le moins : son Histoire de la Troisième République et son Napoléon. C’était dans son bureau de l’Action Française où il m’attendait seul pour m’entretenir d’une question juridique. L’essentiel étant dit, il me parla de Sainte-Beuve qui me parut être son auteur préféré. Ce grand observateur, dit-il, qui savait que l’homme à toutes les époques et dans tous les siècles se ressemble, qu’il a les mêmes passions, qu’il raisonne et se comporte de la même manière dans les mêmes cas. A son école, on ne croit pas que l’humanité date d’hier, qu’elle est différente aujourd’hui de ce qu’elle était autrefois, que les révolutions, les chemins de fer, le téléphone l’ont transformée. L’homme vit entre les convulsions de l’inquiétude et la léthargie de l’ennui. C’est à peu près le rythme de l’Histoire qui rend compte des évolutions et des guerres. L’homme ne change pas et il a besoin de gouvernements qui l’aident et le protègent. Ainsi que Napoléon, il considérait les institutions de l’Ancienne France comme les meilleures qui aient existé et qu’il suffisait, à chaque génération, de moderniser.
Encore jeune, Bainville n’avait pas atteint son apogée. Mais sa notoriété et son influence étaient telles qu’autour de son cercueil, au premier rang de l’assistance se pressaient les plus hautes personnalités de la politique et des lettres… Dans le cortège, précédé de deux chars remplis de fleurs et de couronnes, dont celles du duc et de la duchesse de Guise, on distinguait les très nombreuses délégations des journaux, avec entre autres Lucien Romier, Henri Massis, Louis d’Harcourt. Charles Maurras et la reine Amélie du Portugal suivaient aussitôt après la famille.
Tandis que cet imposant cortège s’engageait sur le Boulevard Saint-Germain, toutes sortes de délégations massées sur les côtés du boulevard et faisant la haie, se joignaient aussitôt à lui. De la rue de Bellechasse à la rue de l’Université, aux abords du Métro Solférino, les ligueurs de Paris et de la banlieue affluaient, ainsi que le groupe nombreux et discipliné des étudiants venus de la rue de l’Université et de la rue de Lille. La population parisienne, dans le plus profond recueillement, se décou­vrait devant cet impressionnant cortège qui défilait dans le plus profond silence. C’est alors que se produisit un incident qui devait avoir de graves répercussions sur la politique extérieure de la France. Tandis que Léon Blum, sortant de la Chambre des députés, regagnait en voiture son domicile, il se heurta au cortège funèbre. Le chauffeur prétendit qu’il avait stoppé aussitôt, mais reçu l’ordre de forcer le cortège. Indignés, des protestataires, dont certains n’étaient que spectateurs, s’interposèrent et cassèrent les vitres de la voiture. Léon Blum reçut des ecchymoses au visage et se fit conduire à l’Hôtel Dieu où il fut pansé immédiatement.
Quand il revint à la Chambre des députés, avec une mise en scène bien orchestrée, il fut accueilli par son parti aux cris de «Dissolution des Ligues». Et Albert Sarraut, ministre de l’Intérieur, fit signer, par le président fantoche Albert Lebrun, la dissolution de toutes les organisations d’Action Française que suivit celle de toutes les ligues nationales. Dans la situation inextricable où se débattait alors le gouvernement, au lendemain des émeutes du 6 février et à la veille de la préparation du Front populaire, dans la contexture d’une politique étrangère tendancieuse, il faut une explication logique.II semble exclu que Léon Blum, qui n’aimait ni la foule ni la bagarre, ait lui-même poussé son chauffeur à forcer un cortège funèbre, dans des conditions qui ne pouvaient que lui nuire. D’un autre côté, qui avait donné l’ordre au chauffeur d’aller de l’avant? Léon Blum n’était pas seul dans la voiture et il semble bien qu’elle ait été téléguidée. C’était d’ailleurs l’avis de Jean Chiappe qui s’y connaissait sur ce genre de complots. Au surplus, pour masquer les lugubres reflets de ce tableau déprimant, une certaine presse a prétendu que le chef socialiste molesté avait été délivré par un groupe d’ouvriers qui travail laient non loin de là. Or, cela n’a jamais existé. D’abord, il était plus de midi et demi, heure à laquelle les ouvriers ne sont pas au travail. En second lieu, les étudiants, ligueurs et membres du cortège n’ont porté la main sur aucun des occupants de la voiture. Les agents survenant n’ont procédé à aucune arrestation. Et d’ailleurs, jeunes et nombreux comme ils l’étaient, les protestataires, s’ils l’avaient voulu, auraient fait voltiger comme un hochet la voiture et ses occupants. Enfin, qu’auraient pu faire à leur encontre quelques ouvriers qui seraient intervenus?
II y avait là Maxime Réal del Sarte et sa redoutable équipe. Evidemment, cela fait bien de pouvoir dire que des ouvriers sont intervenus en tant que sauveteurs d’un chef socialiste en danger, comme si les socialistes avaient le monopole de la classe ouvrière qui, à Paris, on le voit aux élections municipales, est plutôt nationaliste. D’ailleurs, Léon Blum n’était pas député de Paris. Mis en échec dans la région parisienne, il s’était fait élire à Narbonne. Mais depuis la spoliation des entreprises de presse, on nous fa brique une petite histoire qui s’enracine peu à peu dans les esprits. A vrai dire, il fallait un prétexte pour dissoudre les ligues nationales qui s’insurgeaient contre une politique qui conduisait à la guerre. C’est Mandel qui disait que les démocraties ne se préparent à la guerre que si l’on les y engage d’abord. Pour éviter un nouveau 6 février, il fallait procéder à la dissolution des ligues et trouver un prétexte à cet effet. Le régime ne manquait pas de moyens. Mais il sortait amoindri des émeutes sanglantes, la disparition de Stavisky, du Conseiller Prince hantait encore toutes les mémoires. Les forces occultes de la république se sont rabattues sur un procédé macabre, sans se dissimuler pour autant que le stratagème aurait pu mal tourner.
Pierre Bécat, Regards sur la Décadence

 

Henri V et les féodaux

 

Genèse de l’ouvrage (par André Bécat)

Si l’on se réfère aux traditions des familles Bécat, Rotgé-Roger, la fidélité à la branche aînée, légitimiste, est constante. Dans les albums photographiques des Bécat, on trouve un portrait d’Henri V, figurant à côté d’une photographie du Prince Impérial, car depuis l’alliance entre les Bécat et les Fieschi, qui descendent des Ramolino (famille de la mère de Napoléon), une passion bonapartiste s’est emparée d’une partie de la famille. Même scénario du côté des Rotgé-Roger. Gabriel Rotgé (1826-1904), juge de paix de Sournia, grand propriétaire terrien, pionnier dans l’observation météorologique, était de tradition légitimiste, comme ses parents et grands-parents. On le constate très bien dans les commentaires qui émaillent son carnet d’observations météorologiques et qui constitue un véritable journal local et familial. Cependant, l’alliance avec les Bonet, va, là aussi, introduire un penchant bonapartiste.
L’impossibilité pour Henri V de monter sur le trône de ses ancêtres a été vécu comme une tragédie par les deux familles. Sous l’influence rayonnante de Charles Maurras, et surtout de Marcel Azaïs, mon Père finit par se rallier aux Orléans. Après 1936, il se détacha progressivement de l’Action française et donna une série de conférences dans toute la France en se référant souvent aux actions sociales du Comte de Chambord. Même évolution suivie par son collaborateur Me Jacques Renouvin. Cependant, une certaine défiance subsistait envers la famille d’Orléans. Les péripéties des années 1940 n’ont pas amélioré la situation. Pourtant, les relations reprirent au retour d’exil des Princes. Cela se concrétisa par l’invitation du trio Bécat au mariage à Dreux du Prince Henri avec la Duchesse de Wurtemberg (5 juillet 1957).
La suite des évolutions allait bientôt augmenter la méfiance. C’est dans ce contexte que, grâce à un ami parisien, j’ai fait en 1970 la connaissance d’un neveu de l’Académicien et « Duc » René de Castries (1908-1986). Il devait passer une partie de ses vacances d’été dans le château de Castries, résidence de son oncle, près de Montpellier, et vint nous rejoindre quelques jours à Gigean, avant de repartir. Puis, un coup de téléphone du « Duc » de Castries nous invite à venir déjeuner et passer l’après-midi au château. Nous étions trois, une amie valaisanne, mon ami parisien et moi-même. Le repas, très agréable, servi sur une splendide table en acajou qui me semblait anglaise, devint quelque peu solennel quand la « Duchesse » annonça à notre souriante valaisanne qu’elle occupait la place d’honneur où se trouvait la Reine Mère d’Angleterre. La visite des jardins, de l’aqueduc de Riquet, sous la conduite des illustres propriétaires, fut passionnante.  Comme nous allions nous retirer (il était déjà plus de 17h), le « Duc » s’installa à son bureau, et nous dédicaça à chacun le dernier de ses ouvrages, qui venait de paraître, Le grand refus du comte de Chambord. En rentrant à Gigean, sous une somptueuse lumière méditerranéenne, je ne m’attendais pas aux répercussions qu’allait avoir cette dédicace. Pourtant, en arrivant au soleil couchant au fond du jardin, nous eûmes la surprise de voir surgir au-delà de la Montagne d’Agde, le Canigou d’un bleu marine majestueux. C’est signe d’orage trois jours après, dit-on dans la région. Nous avons repris notre vie insouciante et relaxante.
Trois jours après l’apparition du Canigou, de gros orages rafraîchissaient ponctuellement les terres viticoles languedociennes surchauffées. Mes amis repartaient, et ce fut le retour de Prades des Parents, qui venaient me retrouver pour s’occuper avec moi des vendanges. Le livre décidacé du « Duc » de Castries éveilla rapidement la curiosité de mon Père. Il disparut dans son bureau… Je ne l’ai d’ailleurs jamais retrouvé ! Toujours est-il qu’il déchaîna des passions légitimistes ancestrales. Mon Père fouilla dans ses abondantes documentations historiques et commença à échafauder le projet d’un ouvrage réfutant les théories quelque peu évanescentes du « Duc » Académicien. Le titre fut vite trouvé : Henri V et les féodaux. Le principal visé n’était pas loin et ne se doutait pas de l’orage qu’il venait de provoquer en me dédicaçant son ouvrage. La riposte paternelle fut rapidement constituée. Quelque peu embarrassé, j’essayais de gagner du temps en… faisant la grève des corrections ! En effet, nous relisions et corrigions, ma Mère et moi, tous les romans, essais, poèmes et chroniques que mon père se préparait à faire paraître. Tout cela sans compter les nombreux poèmes ! Il en réalisait un, et quelquefois plusieurs par jour qu’il déclamait de sa voix de prétoire. Ma Mère surtout et moi progressivement étions passés maîtres pour stopper les élans oratoires. On l’aiguillonnait en relevant la moindre faiblesse des poèmes. L’orateur réagissait comme un taureau furieux. Même lorsque nos piques étaient à fleuret moucheté, cela prenait l’allure de joutes à la Sétoise. Au fond, le trio s’amusait beaucoup ! Rien de tout cela avec la réplique du Grand refus… Non seulement j’avais fait la grève de corrections, mais je ne l’ai jamais lu ni un livre ni l’autre pendant de nombreuses années !
De toute manière, je ne pensais pas rencontrer le « Duc », ce qui me rassurait. Cependant, plus tard, le destin allait me réserver une surprise. C’est ma propre Mère qui allait en être l’instrument involontaire. On inaugure, me dit-elle, une grande partie des restaurations du château d’Alexandre Dumas, « Montre-Cristo » au Port-Marly (dans les Yvelines). Quelques personnalités sont là, dont le Président de la société de restauration, Alain Decaux… mais je ne savais pas que le vice-président était le « Duc » de Castries, qui était là en personne, et me reconnaissant, me dit : « Il paraîtrait que j’ai provoqué un cyclone en vous dédicaçant mon Grand refus… » Je rétorquai en lui disant que j’avais fait grève de corrections, précisant que je n’avais lu aucun des deux ouvrages. J’étais donc en terrain neutre. Le propre des ouvrages intéressants est de provoquer des réactions fortes, me répondit le « Duc ». Puis un aimable échange s’installa sur les talents culinaires de l’illustre maître des lieux. Je ne devais plus revoir le « Duc » qui disparut peu après (en 1986). Le temps passa, mes Parents disparurent. En 2008 parut le livre de Daniel de Montplaisir, Le comte de Chambord. Le rencontrant rue du Petit-Pont, il me demanda si je pouvais lui fournir Henri V et les féodaux. L’occasion me fut donnée de le lui offrir lors de l’Université d’été du Mans en 2009. Je m’empressai d’acquérir son propre ouvrage. La dédicace fut éloquente : « Au fils de celui qui m’a beaucoup appris ». Étant revenu dans le giron légitimiste, je lus avec autant d’intérêt les deux ouvrages qui m’ont conforté dans mon choix.

Résumé (quatrième de couverture)

Aux romans, poèmes et ouvrages historiques et économiques qu’il a publiés, notamment le Napoléon et le Destin de l’Europe, de plus en plus demandé, Pierre Bécat ajoute : HENRI V ET LES FÉODAUX où il met en lumière la haute et véritable figure du Comte de Chambord, qui aurait dû régner sous le nom d’Henri V et dont la personnalité a été déformée et calomniée par une poignée de ducs intéressés à faire échouer la Restauration.
Ces derniers et certains de leurs descendants ont représenté le Prince comme responsable de ce qu’ils ont appelé le « grand refus », alors que par leurs intrigues, peu à peu dévoilées, ils l’avaient systématiquement écarté du pouvoir. Élus par le peuple pour ramener Henri V, ces transfuges entendaient constituer, accaparer et conserver à leur profit une sorte de gouvernement féodal.
L’auteur fait justice de la question du drapeau, en se reportant à des textes irréfutables, dont les propos du duc de Lévis et du Comte de Chambord lui-même. Toute cette phase passionnante de l’Histoire de France, de 1848 à 1877, est explicitée en 224 pages.
On y trouve le remarquable programme social du Comte de Chambord, en avance de 150 ans sur son siècle, et bien plus et juste et plus humain que l’actuel, puisqu’il comportait le vote de l’impôt et ne pouvait être générateur d’agitations ni de grèves.
Au vrai, c’est l’énoncé de ce programme qui avait ligué contre Henri V les puissants du jour, associés à l’exploitation d’un État dépourvu de son chef légitime.
Si, par la suite, le Comte de Paris Philippe VII, le duc d’Orléans Philippe VIII et Charles Maurras qui l’a reconnu ont établi une doctrine sociale inexpugnables, ce fut grâce à l’intelligence et à la grandeur d’âme du Comte de Chambord.

Table des matières

Première partie
Départ de Charles X et la Monarchie de Juillet
Le parlementarisme
Le droit divin
Le travailleur isolé
La légitimité de 1830 à 1848
Formation du prince
La fusion manquée
L’heure de Napoléon III
Le coup d’Etat
Lendemains du 2 décembre
Nouvelle tentative de fusion
Négociations sous l’Empire
La fusion torpillée
La guerre de 1870
Les républicains pour l’unité allemande
L’affaire du trône d’Espagne
Un succès diplomatique sans lendemain
Les va-t-en-guerre tombent dans le piège de Bismarck
Deuxième partie
La victoire de Thiers
Chute de Thiers
Mauvais débuts
Le programme social d’Henri V
La fusion
La caisse noire
L’entrevue des Deux Princes
Une basse manoeuvre
Le plan de Janicot
Nouvelle offensive à Frohsdorf
Mission Sugny et du Vigneux
Mission Gambier
L’entretien de Salzbourg
L’entretien
Satisfaction de Chesnelong
Le mauvais coup des ducs et le faux Savary
Autour du septennat
La présence du prince
Le calice
Le vote
L’adieu
Le 16 mai 1877 et la démission de Mac-Mahon
Les derniers outrages
L’intervention du Comte de Chambord
Les Lois constitutionnelles
L’amendement Wallon
Le chef d’Etat ficelé
Vers la dissolution
La dissolution
Le maréchal persiste et succombe
Le nouveau régime et le départ de Mac-Mahon
Epilogue
Lettre sur les ouvriers
Conclusion